VEF Blog

Nous étions perdus dans cette contrée réellement isolée et extrêmement chaude, notamment en plein mois d’Aout, qu’est le désert du Nevada ou les indiens coiffés de plumes chevauchant de magnifiques purs-sangs tachetés ont laissé place aux cowboys modernes de l’Amérique blanche se déplaçant chez le voisin le plus proche, c’est à dire à 15 miles minimum, au moyen de véhicules 4*4 surdimensionnés. Répondant à l’appel de nos estomac vides hurlant à un remplissage immédiat et sans concession, nous nous sommes mis en quête d’un bled, paumé évidemment, dans l’espoir de trouver de quoi satisfaire notre appétit !

 Apres quelques miles d’angoisse partagée, le réservoir d’essence s’étant décidé à ressembler à nos estomacs, nous voilà arrivé à Bodee, tout au fond du fond du colon des Etats-Unis !!! Nous commençons par aller au plus pressé, a savoir remplir la citerne car plutôt mourir de faim dans l’espoir d’un retour hypothétique à la civilisation que de mourir de désespoir au milieu de rien le ventre plein !!

  C’est là que nous avons croisé le chemin de Jimmy La Jungle (je tiens à préciser qu’il s’agit là d’un nom fictif puisque nous n’avons pas réellement eu l’honneur de nous présenter). Jimmy, c’est un citoyen américain comme les autres au détail près que, Jimmy, il est toujours prêt à dégainer. Et c’est peu de le dire !!! En effet, jim porte un pistolet à sa ceinture, qu’il ne cache absolument pas et il n’y a aucune raison pour ca puisque c’est completement légal, et Jimmy est coiffé d’un beau chapeau de cowboy couplé à de belles santiags pointues à dépuceler un homme !!! Et ca n’a l’air de choquer personne bien évidemment, ici dans le fond du fond du colon des Etats-Unis … et surtout pas le sheriff avec qui il échange 3 mots … très probablement pour dire : «  Ne t’inquiètes pas, je les ai à l’œil les nouveaux là-bas !!!! ».

Nous nous sommes dit que nous étions finalement tombé sur cette Amérique blanche, sudiste, pauvre, sous éduquée et super republico-conservatrice que les Français moyens, à tort me semble-t-il, adorent stéréotyper à l’ensemble du peuple américain et que nous n’avions jusque là pas vraiment rencontré. Mais cette fois-ci, nous en sommes certain, nous y voilà !!Nous y voilà dans l’Amérique confédérée des célèbres Rednecks !!!!!

 Les Rednecks, ce sont cette partie, minoritaire mais importante, de la population qui est persuadé d’être la fierté et l’essence même de cette nation, alors quand bien même que le

 reste de cette même nation a profondément honte ne serait-ce que de leur existence. Le redneck est blanc, généralement pauvre, ignorant, ne boit pas que du Perrier, adore les armes à feu et son pays dans un nationalisme primaire. La série télévisée « Sheriff, fais moi peur », pour ceux qui se souviennent, est une version policée de la culture Redneck et offre une panoplie de personnages Redneck  , de look Redneck (la chemise en jeans aux manches coupées est un must !!!) et des fameux dialogues plein de bon sens, sans oublier le drapeau confédéré sur la général Lee, nom du plus grand officier de la confédération sudiste et …raciste.

Autre petit détail, le Redneck déteste le Français !!!! J’ai beau eu demander à droite, à gauche, personne n’a pu réellement m’expliquer pourquoi si ce n’est par bêtise. Si le refus de la France de participer au gâchis irakien a renforcé ce sentiment, cette animosité (N’allez surtout pas croire que cela concerne l’ensemble des Américains car vous vous tromperiez lourdement !!!) existait bien avant le refus de Chirac.  J'ai été par ailleurs bien surpris en réalisant devant la série «  Marié, deux enfants » que Al Bundy était extrêmement francophobe !!!! Ca ressort un épisode sur deux…sans exagérer ! Ce n’est évidemment pas traduit dans la langue de Molière dans notre version à nous…et c’est un peu compréhensif !

 Toujours est-il que , malgré des efforts gargantuesques au travers de tentatives répétées maintes fois au téléphone avec certains de nos clients au Texas, en Géorgie ou dans le Mississipi, malgré de prodigieux progrès au niveau de mes capacités de compréhension anglophone (bon il est vrai que je viens de loin tout de même…), je suis toujours incapable de pouvoir piger cet accent américain campagnard venu d’ailleurs ou la notion d’avaler ses mots prends une dimension que je n’avais alors jamais perçue (ils font bien mieux que les andalous espagnols !!!) Ce qui est rassurant c’est que même mes collègues natifs des Etats-Unis, à l’Anglais donc maternel, une fois que je leur ai passé le combiné téléphonique dans un désespoir d’incompréhension, restent bouche bée et me font les gros yeux genre «  Fuck man !!! Je capte que chi à ce qu’il bave !!! »

Bref !!! Tout ca pour dire que cette fameuse animosité vis à vis des Français, nous avons pu la palper de près !!! Retournons à Bodee, le nombril du trou du cul du désert du Nevada (juste derrière la Vallée de la mort d’ou on revenait et dont un post y sera consacré prochainement). Une fois fait le plein, nous nous mimes en quête d’un quelconque service de restauration afin d’assouvir ce besoin naturel et nécessaire de se remplir l’estomac.

C’est alors qu’on voit un saloon, plutôt délabré le machin mais présentant le bon point d’être typique ce qui n’est pas pour déplaire à notre sempiternelle envie d’authenticité. Une fois arrivés  dedans, nous sommes un peu reboutés par un mélange d’odeurs de bois humide, de bière renversée et bien d’autres à l’origine plutôt douteuse, et un poil dégoutés par l’aspect crasseux général et la poussière omniprésente, mettant l’accent sur une probable préoccupation minime du maitre des lieux à l’égard de la propreté et l’hygiène (mais alors quoi ??? les verres, les assiettes, les couverts ????). Le premier gars qu’on croise tient à peine sur ses jambes et m’adresse la parole en regardant la chaise vide de la table voisine…le patron, lui, et bien…quoi ???....il ressemble à son bar…

Toujours est-il que j’engage la  conversation et que le gars, s’il ne semble pas très loquace, est plutôt sympathique. Mais bon voilà, j’ai du mal à la comprendre car il a un accent tiré au couteau. Je lui demande naturellement d’ou lui vient ce si charmant accent : « du Texas » me répond-il, ce qui confirme ma première supposition . Puis, évidemment, il me retourne la question (si si j’ai un accent quand je parle Anglais…) sur un ton qu’on pourrait probablement qualifier d’enjoué pour quelqu'un de taciturne. Je réponds…et là, tombage de gueule et froid palpable, les deux autres clients assorti à l’ambiance générale, se retournent et regardent … « Ah !! ok !! » qu’il répond…s’ensuit un silence digne d’un dialogue Tarentinoesque…tu te sens plutôt moyen !!!

 Et, après de la bouffe de merde, un service pourri et un fou rire provoqué par la présence d’un machin rouge non identifié dans le verre bleu de Nancy, on se prend une note non pas élevée en soi, mais franchement salée par rapport à la nature du repas, la quantité servie, et, surtout l’endroit ou nous nous trouvons !! J’esquissai bientôt une réclamation orale formulée par une demande du détail des prix. La réaction du bonhomme, couplée à la fraiche mémoire de Jimmy la Jungle, et au fait qu’il ne s’agit pas de la plus grosse arnaque du siècle non plus (en valeur…car on s’est quand même bien senti méchamment arnaqué !!!) mais simplement un volonté affirmé non dissimulée de nous la mettre dans le cul, le fait qu’on soit au milieu du désert et qu’il aurait probablement un pote de plus que nous pour lui apporter un support aérien en cas de bataille, tout cela a fait qu’on a baissé nos pantalons, on a payé et on est parti !!! C’est la deuxième fois, après la Chine (qui est pire mais non pas ciblé sur les Français mais sur tout ce qui est étranger d’une manière générale) qu’on subit une réelle xénophobie primaire à notre encontre !!!